lundi 28 mars 2016

SCC8/3 - Pavillon 3 : Une histoire normale pour gens normaux


Okéé...
Une histoire dans l'histoire, donc ! Un détour, une digression, quoi ! Comme un cancer qui phagocyte l'histoire principale !
Externalisons nos divagations ! Et voici donc une sous-histoire qui relate la rencontre mouvementée d'un renard, d'un facteur à vélo et d'un certain Monsieur Pinchon ! 
Une balade à la campagne ou à travers bois, sur une piste de brousse, une allée forestière ou un chemin bordé d'arbres et de haies. Et l'occasion aussi de rouler des joints à mes lecteurs et de les faire planer... de les distraire, de les embrouiller, de les enfumer, de les embrumer, de les mystifier et de leur donner le tournis... de jeter des mots saigneux et toxiques dans les broussailles et les fourrés pour escagasser, entortiller, circonvenir, élucubrer, dévoyer ou chausse-trapper les agents spéciaux A.Z. et P.K. qui cherchent toujours à me prendre en filature... de leur tendre une embuscade, de les flasher et de leur lancer des pétards dans les jambes, de les éblouir et de les assourdir, de les aveugler et de les étourdir, de les terroriser... ou de parvenir à les semer, de trouver une ouverture, de forcer une échappée et d'abandonner mes lecteurs et mes poursuivants en pleine forêt..
Une balade zinneke, mixte et métissée, dans un village bordant la forêt sombre de l’Ardenne ou la forêt claire du Kwilu, à Kiko ou dans les bois du hameau des Boucs qui bordent les routes de Jemelle, de Nassogne, de Masi-Manimba  ou de Harsin... Comme chacun voudra !, au Royaume de Jupiler ou en République autocratique du Luabongo... Comme chacun l'entendra !, ou encore du côté de Todomé, en République d'Awoyo, dans la savane giboyeuse et boisée du canton de Djaba.
Une ballade fantaisiste et imaginaire menant là où des lecteurs "aventureux" n'ont pas l'habitude de se promener, là où de prétendus "découvreurs de la nature" ne peuvent plus se référer aux arbres balafrés de balises rouges et blanches par les gardes forestiers, aux sacs de détritus et autres bornes olfactives (et petits tas de PQ) déposés au pied des feuillus par leurs prédécesseurs ou aux repères culturels installés par les préposés de la culture dite "mondialisée" au bénéfice des insectes ravageurs du tourisme dit "international"
Une balade allégorique en trois phases ou trois mouvements.
Okéé...

Il m'a cependant été rapporté que des gens "normaux" souhaiteraient que j'écrive désormais des histoires "normales" 
!  Et qu’ils se montreraient particulièrement insistants sur ce point !
Unité de temps, de lieu... et de quoi encore ?
Ça me pose un sacré problème ! Une histoire normale (ou une sous-histoire, c'est pareil) peut-elle trouver sa place dans mon roman qui se veut onirique, gouailleur, burlesque et extravagant ?
Par ailleurs, je ne sais même pas ce que c'est, une histoire normale, ni comment ça s'écrit !
Ni quelles sont les normes, les règles et les principes d'une bonne écriture !
Ni ni ni ni quels sont les clefs et les codes, les sauces et les épices qu’utilisent les hommes de l’art, les trucs et les astuces qui font le bonheur des faiseurs de livres en tous genres (à n'importe quel prix, dans n'importe quelle langue, sur n'importe quel sujet, de n'importe quelle manière, pour n'importe quel public, en vue de n'importe quel effet) !
Et je me demande qui sont ces gens normaux ? Et s'il est normal d'être normal et si ça ne cache pas quelque chose d'anormal ? Quels orgueils, préjugés, jalousies, rancoeurs, rackets, lâchetés, indignités et perversités cette normalité ne dissimule-t-elle pas ? Quelles angoisses, détresses, abcès buccaux, lupus, pelades, infirmités ou fragilités ? Quelle étoile d'anis, quel tampax, sparadrap ou dentier embusqué dans un gâteau des Rois ? Quels sous-vêtements fluos ? Quelle intolérance au gluten ? Quels boutons d'acné sur les fesses ou quelle démence neurodégénérative évolutive et irréversible ?
Et je me demande aussi pour quelles raisons, ils veulent qu'on leur raconte des histoires normales, ces gens normaux-là ? En vue de quel effet ?
Mais qu'ils aillent donc se faire foutre !
Et schtonk dans leur derrière !

Okéé...
Pourquoi, en effet, devrais-je me casser le cul à concocter des intrigues astucieuses (mais truquées) et organiser des jeux de piste pleins de suspense (mais sécurisés) pour gens normaux ? Avec exploration en profondeur d'émotions préfabriquées et retournements de situation spectaculaires (mais généralement inodores, incolores et tout à fait inoffensifs) ? Me faudrait-il aussi teinter en vert pomme, en rose fluo ou en bleu électrique les cheveux de mes personnages (pour permettre à des lecteurs-consommateurs de mieux les distinguer les uns des autres, sans trop se poser de questions) et les faire évoluer dans des paysages de synthèse, toujours ensoleillés, constamment balayés par des caméras de videosurveillance et gardés par des vigiles armés ?
Pour écrire, je n'ai pas besoin d'eux !
En effet, je n'écris pour personne d'autre que pour ma petite chérie, Ana (alias « No me digas », alias  « Increïble  », alias « Ata yo moko »,  alias « Eza somo »  ou « Eza na tina te »), ma femme mariée...
- Hola caracola ! Hola querida ! Toujours sceptique et suspicieuse, petite chérie ?
- A juste titre, Douchka, non ?
- C'est comment, petite chérie ? Confiance ezali lisusu te, oh ?
- Faute ya yo moko, eh !
qui m'écoute parfois (avec prudence ou exaspération et jamais trop longtemps) débloquer ou divaguer, m'aide souvent à retrouver des noms communs rares ou des noms propres oubliés, pousse quelques soupirs d'exaspération... Tu me harcèles comme une mouche qui veut qu'on lui ouvre la fenêtre !, gloussements d'indignation ou exclamations de RIIIR mais ne se donne jamais vraiment... Je te connais trop bien, Douchka ! Nayebi yo malamu ! Ozali kizengi trop ! Et je sais déjà que tes histoires seront vaseuses et qu'elles vont m'énerver !, la peine de me lire à fond et qui prend plutôt plaisir à m'interrompre, à me contredire et à me contrarier et qui me regarde alors avec des yeux non pas de biche attendrie mais (passant d'un regard à l'autre) de prédatrice irritée et m'envoie valser dans les ronces, les orties, les chardons, les cactus et les agaves ou dans une haie d'épineux, un bosquet de houx, une couronne d'épines d'acacias et un rouleau de barbelés et qui me balance, à l'emporte-pièce, des commentaires en lingala ou en espagnol (voire en catalan de la Comunitat Valenciana) : "Eh ! Ce sont mes langues de résistance à l'oppresseur, dit-elle ! Non réductrices à ton français tout-frais-chié ! Non réductrices au chinois de l'avenue du Commerce et de l'Industrie ou à l’anglo-dutch-américain-allemand des bourses de Londres et de New York, de la Banque mondiale, de l'Union européenne et du FMI ! Je me protège, quoi ! Et je me ménage ainsi, explique-t-elle encore, quelques espaces de pensée et de culture autonomes !".
J'écris pour elle et elle ne me lit jamais. C'est finalement très reposant.
Mais je l'adore, ma femme mariée, ma tomate verte de Valencia qui murit et rougit de l'intérieur, à partir du coeur... Ana, mon emmerdeuse, mon origine de la vie et ma fin du monde, mon pancréas et... Tu ne pourrais pas être un peu plus sympa, Douchka ?,  ma vésicule biliaire, mon être humain, mon éminence grise et mon âme damnée, ma belle brocante, ma décoiffée, mon Aliénor d'Aquitaine aux cheveux libérés... faudrait surtout pas croire !

Okéé...
Trois phases ou trois mouvements (ou plus) annonçais-je, parce que je n'aime pas conduire d'éventuels lecteurs sur des autoroutes balisées, à sens unique et à destination prévisible, sans pièges à éléphants ni risques à assumer.
Et parce que les histoires trop bien agencées, trop bien ficelées, sans sortie de secours ou possibilité de fuite pour les lecteurs et pour l'auteur lui-même (renoncer à RIIIR ou à écrire, s'évader en montgolfière pour échapper à la guillottine, se retirer avant d'éjaculer, faire demi-tour, perdre carrément le fil de son histoire, passer subrepticement du virus à la bactérie, du marché de la place Flagey à celui de Noépé ou de Yolo Ezo, rendre son tablier, remettre tout à plat, se faire couper les cheveux par une nuit de pleine lune, s'enfuir par un soupirail, une lucarne, un hublot ou la fenêtre des toilettes, reprendre sa mise ou ses billes et se barrer vite fait, repartir de zéro, ouvrir un autre front) me font gerber.
Contrairement à mon pote Odyssée (cet pote-là, j'en ai déjà parlé mais je le présenterai plus en détail par après, dans une autre séquence de la Sosecra, un séquence encore à retrouver et à restaurer) qui s'invente des aventures avec une facilité déconcertante et... Pour un bol de soupe et des oeufs durs !, n'éprouve aucune gêne à raconter des carabistouilles aux professionnels ou aux amateurs de la compassion et à balancer toutes sortes de craques aux corps habillés qui l’interpellent... tandis que moi, je pédale, je patine, je souque, je patauge dans la merde et le poto-poto, je ruissele.
Moi, à chaque histoire, je dois trouver les mots qui lui conviennent et le style et le tempo qui "vont avec". Et c'est parfois très compliqué.





Ndlr : Vous êtes encore perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/




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